Vaccin Covid-19
Nous l'attendions depuis des mois...la vaccination COVID est à nos portes.
En moins d'un an, la science a réussi à mettre sur pied un vaccin contre cette maladie qui paralyse le monde entier. Certains se posent encore des questions (légitimes) auxquelles nous allons essayer de répondre via cette page.
LE PLAN BELGE DE VACCINATION
En Belgique, la vaccination COVID ne sera pas disponible pour tout le monde tout de suite, car nous avons plusieurs contraintes :
1. La disponibilité des vaccins (ou non) : cela dépend de chaque firme et des contrats que le pays a signé avec celle-ci.
NB : actuellement, seul les vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna sont sur le marché, chaque payé a négocié un nombre de vaccins avec ces firmes.
2. Notre plan de vaccination (qui définit quel est le public prioritaire). Ce plan, qui donne l'ordre de priorité, a été défini par les experts du Conseil Supérieur de la Santé vaccination. Cet ordre a été basé sur les données scientifiques actuelles .
>> LA DISPONIBILITÉ DU VACCIN 💉📦
La première question est la disponibilité des vaccins : le premier vaccin qui sera sur le marché européen est celui de Pfizer/BioNTech qui est un vaccin à ARN messager (pour comprendre, cliquez ici) qui nécessite 2 doses. Le second qui a été rendu disponible est le vaccin de la firme Moderna (USA). Les firmes ont promis un certain nombre de vaccins à la Belgique (selon un contrat signé entre les deux parties) et nous avons appris mi-décembre qu'ils nous fournirons moins de vaccins...que prévu.
Nous sommes donc obligés d'adapter l'organisation de la vaccination en fonction : si
nous avions 22 millions de doses du vaccins, nous pourrions vacciner tous les belges directement.
La seconde question est l'autorisation d'utilisation de ce vaccin en Europe. L'EMA a validé le 21/12/2020 le vaccin anti-covid de Pfizer/BioNTech ; le vaccin de Moderna devrait suivre.
NB : pour en savoir plus sur l'EMA et la covid, cliquez ici.
>> LES PRIORITÉS 1️⃣2️⃣3️⃣
Ensuite, puisqu'il y a un nombre limité de doses, les autorités belges ont mis en place un plan pour définir les différentes phases de vaccination anti-COVID : l'idée est de vacciner d'abord les personnes les plus à risque mais aussi de désaturer les hôpitaux et la première ligne de soins :
PHASE 1a : résidents en maisons de repos (et de soins) et personnel de MR/MRS, personnel de soins de première ligne
PHASE 1b : personnes de plus de 65 ans ; personnes de plus de 45 ans avec des facteurs de risque ; personnel de secteurs économiques essentiels
PHASE 2 : tout le monde
Au sein de ces phases, il y aura encore des prioritisations qui sont en cours d'élaboration par les instances scientifiques et les autorités.

Donc si on mixe ces deux contraintes, la task force belge pour la question de la vaccination envisage dès fin décembre de vacciner dans l'ordre pour la phase 1a :
1. Les résidents et le personnel des maison de repos et de soins
2. Le personnel de première ligne des hôpitaux
3. Le personnel de soin de première ligne en ambulatoire
4. Les autres collectivités
Notons que selon les vaccins qui seront vraiment livrés et d'autres réalités du terrain, ça peut encore varier.

QU'EST-CE QU'UN VACCIN À ARN ?
Avant de commencer...qu'est ce que c'est que l'ARN ? On parle d'ADN, puis d'ARN ? Pour en savoir plus, cliquez ici
Ce schéma montre de manière simplifiée comment fonctionnent les vaccins à ARN :
- Le vaccin contient de l'ARN messager. Celui-ci est entouré d’une membrane lipidique (les molécules lipidiques permettent de préserver l'ARN qui est fragile) ;
- Une fois dans la cellule, l’ARNm va être lu par un ribosome qui va produire une protéine de la paroi de la COVID-19 (appelée protéine SPIKE).
- Notre système immunitaire va être mis en contact avec cette protéine (comme si c'était le virus) et va déclencher une réaction permettant une mémoire immunitaire. Tout cela...sans être en contact avec le virus, et donc sans risquer les complications !!
Ensuite, lorsque le patient sera réellement en contact avec la COVID-19, son système immunitaire se rappellera du premier contact et pourra rapidement recruter les cellules nécessaires pour défendre l’organisme contre l’infection.
Notez que la vaccination avec l’ARNm est étudiée depuis des années pour les vaccins vétérinaires, mais aussi pour des maladies humaines telles que le CMV, chinkungunia, ...

Les avantages de ce vaccin :
- Production facilitée du vaccin (plus rapide et en plus grand nombre)
- Pas de virus dans le vaccin…donc pas de maladie
Il faut plus craindre l'ARN du virus que l'ARN du vaccin
CONTRÔLE DU PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT DES VACCINS
Actuellement, au niveau du consensus scientifique, on développe un médicament (et donc les vaccins) en plusieurs étapes :
1️⃣💻 Modèle informatique
2️⃣🐭 Test sur animaux semblables à l'homme (ex : souris)
3️⃣👤 Test sur l'humain en plusieurs phases.
Si des effets indésirables graves sont identifiés dans une des phases de test (sur animaux ou humains), on arrête et analyse la cause.
SÉCURITÉ
Pour le vaccin de Pfizer/BioNTech : il a été testé sur près de 40.000 personnes - dont la moitié a eu un vaccin placebo (pour comparer les problèmes réellement liés au vaccin versus ceux liés au hasard ou à l'effet nocebo).
Nous avons donc actuellement plusieurs mois de recul avec ce vaccin et sur un échantillon satisfaisant :
📍 permettant une analyse par les autorités de pharmaco-vigilance (EMA en Europe)
📍 permettant une mise sur le marché (déjà le cas en UK ou aux USA depuis plusieurs jours)
EFFETS INDÉSIRABLES
Pour le vaccin de Pfizer/BioNTech (et les données de Moderna semblent aller dans le même sens) : des effets indésirables qui ont été identifiés :
📍 effets indésirables locaux assez fréquents : 70-80% des patients se plaignent de douleurs au site d'injection
📍 effets indésirables généraux : 30-50% des patients se plaignent de fatigue, maux de tête et/ou frissons dans les 2-3 jours qui suivent le vaccin. Ces effets indésirables sont donc mineurs par rapport à la maladie.
Notons que pour identifier des effets plus rares, il faut que le médicament soit testé sur un plus grand nombre de personnes : c'est une surveillance qui sera post-utilisation. Nous, les médecins généralistes, seront responsables de notifier ces effets indésirables pour permettre le suivi de la vaccination.
⛔️ Actuellement, ces vaccins à ARNm n'ont pas encore été testé sur les moins de 18 ans ni sur des femmes enceintes, ce sont donc des groupes qu'on ne vaccinera pas.
COMMENT A-T-ON PU DÉVELOPPER SI VITE LE VACCIN COVID-19 ?
La course à la production d'un vaccin anti-COVID19 a été un des plus grands défis scientifique de 2020...et c'est dingue de ce dire qu'entre le premier cas documenté de covid19 et la première inoculation officielle de vaccin...il y aura eu moins d'un an ! Mais ce n'est pas parce que c'est dingue...que c'est mal :-)
Nous allons essayer de comprendre ensemble ce qui s'est passé :
👉 En 2020 les progrès de la science sont tels que nous avions déjà dans les tiroirs de la recherche :
- des idées pour développer des nouvelles technologies vaccinales : les vaccins à ARNm (en cours de test pour chikunguya, CMV, ...)
- la connaissance des particularités des cousins de la COVID9 : le SARS (2003) et le MERS (2012) qui ont permis d'identifier rapidement la protéine "clé" de l'infection mais aussi de l'immunisation : la protéine SPIKE ou protéine S
- des technologies pour identifier rapidement le génome/l'ADN de la COVID19
👉 La covid19 touche le monde entier, il y a donc une mobilisation jamais vue auparavant :
- du monde scientifique : des équipes de recherches se sont mobilisées par centaines pour mieux comprendre la COVID19
- des citoyen : jamais il n'y a eu autant de volontaires pour les tests du vaccin avant la commercialisation (p.ex. en UK, en quelques jours il ont eu le nombre de volontaires suffisant pour démarrer leurs études en mars)
👉 Les systèmes de contrôle n'ont pas été bafoués...mais les instances de contrôle ont travaillé en collaboration étroite avec les chercheurs. Et cela s'est fait à chaque étape de développement : aucune perte de temps (les dossiers COVID19 étaient une totale priorité).
👉 De nombreuses firmes ont pris le risque financier de lancer la pré-production du vaccin avant validation par les autorités publiques - ce qui était un risque financier si refus !! - pour déjà être prêts dès approbation.
Aucun moment n'a été perdu
POURQUOI NE VACCINAIT-T-ON PAS LES FEMMES ENCEINTES AU DÉPART ?
Au départ, lors de la mise en route de la vaccination anti-covid19 nous n'avions pas d'études sur cette population. Cela ne signifie pas qu'il y avait un risque. Juste que nous ne connaissions pas le risque/bénéfice. Aujourd'hui, des études à large échelle montrent que le risque de faire des complications immédiates liées au vaccin est minime pour la mère et l'enfant. A l'inverse, on observe de réelles complications chez les femmes enceintes liées au covid.
Notre équipe vous poussera toujours à croire et lire des informations basées sur des preuves scientifiques.